L’infidélité, est-elle toujours synonyme de rupture ?

Dans les relations de couple, on entend souvent que l’infidélité est perçue comme une cause directe de rupture.

Quand vous choisissez d’entrer dans une relation, vous avez forcément des attentes l’un envers l’autre. Depuis le début, il existe entre vous un contrat implicite qui détermine les limites, les privilèges et les obligations de chaque partie dans la relation. L’infidélité peut être considérée comme une violation de ce contrat, et les répercussions peuvent mener à la fin de la relation.

Dans un esprit de bienveillance, reconsidérer la définition de l’infidélité pourrait vous offrir de meilleures perspectives pour traverser les crises et conflits liés à une relation extraconjugale, en explorant des solutions alternatives à la séparation.

Les définitions varient considérablement en fonction des personnes, des cultures, des milieux ou encore du contexte socio-historique. Les définitions actuelles sont soumises à des modifications en fonction de l’émergence de nouvelles technologies et d’une utilisation croissante des réseaux sociaux qui redéfinit les frontières de l’infidélité, de même un meilleur accès à la contraception ou les diverses orientations sexuelles influencent le sens du concept.

On parle d’infidélité sexuelle lorsqu’il y a des rencontres sexuelles, des baisers ou des caresses intimes avec quelqu’un d’autre ou encore, une participation à des activités sexuelles ou échanges de contenu intime via les nouvelles technologies. 

L’infidélité émotionnelle se produit lorsque l’on développe un lien affectif fort avec une autre personne de manière à remettre en question l’exclusivité émotionnelle attendue dans le couple. Des exemples d’infidélité émotionnelle sont : partager des sentiments amoureux avec une tierce personne, confier ses problèmes personnels à une autre personne, passer plus de temps avec une autre personne qu’avec son partenaire ou avoir des fantasmes émotionnels. 

Ces exemples montrent que l’infidélité ne se limite pas aux actes physiques et peut prendre des formes subtiles qui, bien que moins visibles, ont un impact profond sur la relation. Les deux formes d’infidélité peuvent coexister, mais elles ne sont pas toujours liées, un partenaire peut développer une relation émotionnelle intense sans jamais avoir d’interaction sexuelle avec cette personne externe.

L’infidélité peut aller d’un flirt à une rencontre sexuelle ou encore à une relation affective en parallèle avec un tiers. 

Il est important de noter que définir ce qui est considéré infidélité et ce qui ne l’est pas dépendra donc de la nature de l’expérience vécue, sexuelle ou émotionnelle, mais aussi de l’intensité et la durée de l’engagement, et du nombre de partenaires.

L’infidélité est la cause principale citée lors d’une demande de divorce (Amato et Previti, 2003) et serait ainsi le principal motif de consultations de couples qui sollicitent un accompagnement professionnel (Whisman, Dixon et Johnson, 1997). 

En effet, selon plusieurs études, il a été constaté que l’infidélité n’est pas la raison prédominante de rupture comme peuvent l’être une mauvaise communication ou le manque de proximité des partenaires. 

Une relation fragile dans ses fondements et dynamiques peut se voir avec des difficultés dans la gestion des situations négatives et traumatiques comme l’infidélité. L’infidélité sera donc associée à d’autres dysfonctionnements, par exemple l’insatisfaction émotionnelle ou sexuelle, une faible estime de soi ou la recherche de validation externe.

Par conséquent, un couple fonctionnel sur le plan communicationnel, où il y a du soutien et un engagement actif fera que l’infidélité ne soit pas traduite forcément en rupture. 

Pour traiter l’infidélité, il faut suivre un processus qui comprend trois phases :

• • • Adaptation aux conséquences de l’infidélité à travers l’expression du ressenti et des émotions, et commencement de l’établissement des responsabilités. 

Comment exprimer ses émotions sans accuser l’autre ?

• • • Recherche de la signification des conduites infidèles en approfondissant sur les facteurs : externes, individuels, du couple et contextuels. 

Quelles questions poser pour comprendre les causes profondes de l’infidélité ?

• • • Réduction de la détresse conjugale, notamment en travaillant le pardon, le réengagement et la reconstruction. 

Comment travailler sur le pardon sans minimiser la douleur ?

Un couple qui fait appel à un thérapeute pour gérer une infidélité sera en mesure de répondre plus aisément à ces interrogations et d’aborder ce processus dans un cadre sécurisé où les mots durs vont être adoucis afin de rétablir une communication saine et bienveillante, chaque partenaire manifestera plus rapidement de l’empathie et la reconstruction de la confiance sera un travail conjoint.

Rappelons que chaque personne est un monde et chaque couple est donc un univers singulier qui n’est pas indépendant du contexte, mais qui possède ses propres règles. Dès lors, chaque couple vit l’infidélité de manière différente, ses impacts vont être spécifiques et traités de manière unique. Le résultat du traitement sera donc très variable, mais en aucun cas, nous pouvons conclure en disant que l’infidélité sera toujours synonyme de rupture. L’infidélité n’est pas une fin en soi, mais une invitation à repenser les fondements de notre relation.